La sous-détermination des modèles explicatifs par les lois empiriques : un problème récurrent mais fécond en géographie de modélisation - Archive ouverte en Histoire etPhilosophie des Sciences et des Techniques Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2016

La sous-détermination des modèles explicatifs par les lois empiriques : un problème récurrent mais fécond en géographie de modélisation

Résumé

Les travaux d’histoire et d’épistémologie de la géographie montrent que plusieurs facteurs ont contribué à l’émergence de la géographie théorique et de modélisation dans les années 1950 et 1960 : les changements de nature des objets étudiés (villes, commerces, transports, diffusion de l’innovation), la perception de la géographie comme science des interactions spatiales, l’analogie avec l’écologie quantitative alors en plein essor, l’influence de la première économie spatiale, la diffusion des techniques d’analyse de données, l’apparition de l’ordinateur, l’influence du positivisme logique, les conflits de génération dans le milieu académique. Le premier objectif de notre article est de confirmer l’importance d’un autre facteur en commençant par une brève analyse de la trajectoire intellectuelle d’un des premiers représentants de la géographie de modélisation, le géomorphologue Richard John Chorley (1927-2002). Cet autre facteur est précisément l’exemple précoce donné à la géographie humaine par la géomorphologie en matière de capacité à concevoir des modèles explicatifs de morphologies. Nous verrons au nom de quels arguments épistémologiques Chorley pense pouvoir transposer cette méthode pour la loi rang/taille en géographie humaine des villes. Nous montrerons qu’assez vite, cependant, plusieurs modèles théoriques se révèlent candidats. Il y a plus grave : les phénomènes géomorphologiques eux-mêmes – dont l’explication devait être prise comme exemple – se révèlent finalement engendrables par des processus quelconques, non nécessairement associés à des lois physico-chimiques déterminées. Le second objectif de notre article est de rendre compte d’une récurrence de cette sous-détermination et de cet apparent obstacle à la constitution de véritables modèles théorico-explicatifs en géographie. Nous poserons la question de savoir si une bonne manière de faire justice aux véritables apports de la géographie de modélisation, dans les dernières décennies, ne pourrait pas consister dans un déplacement de notre attente épistémologique à son égard et notamment, dans une attention à l’inventivité propre dont elle a périodiquement témoigné pour affronter cette sous-détermination de manière à la fois méthodologiquement innovante et conceptuellement féconde.
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Varenne Sous détermination des modèles de processus en géographie 30 juin 2014 fichier auteur (1).pdf (213.71 Ko) Télécharger le fichier
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Citer

Franck Varenne. La sous-détermination des modèles explicatifs par les lois empiriques : un problème récurrent mais fécond en géographie de modélisation. Claude Blanckaert, Jacqueline Léon, Didier Samain. Modélisations et sciences humaines – Figurer, interpréter, simuler, L'Harmattan, p. 85-101, 2016, 978-2-343-09294-2. ⟨hal-02911721⟩
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